Les objectifs, à ne pas négliger!

Quand on a fait le choix de son réflex, on pense que le plus dur est fait… mais c’est une erreur, ce n’est que le début! La qualité de l’image dépend effectivement du capteur du boîtier, mais elle est en premier lieu dépendante de l’objectif qui fait passer la lumière… Il faut donc le choisir avec soin!

Les différentes focales et leur utilisation

On ne choisit pas de prendre une photo au hasard. On choisit de cadrer d’une certaine façon, en englobant la scène ou en se focalisant sur un détail que l’on cherche à mettre en valeur. On note aussi une déformation à certaines focales qui peuvent être utilisées créativement (genre les films de skateurs)…

Par définition, cette longueur focale désigne la distance entre le capteur et le foyer focal de l’objectif et s’exprime en mm. Plus cette distance est courte, plus l’angle est grand (grand-angle), et plus cette distance est grande plus l’angle est petit: on parlera alors de télé-objectif.

Il y a trois grandes familles de focales:

1- les grand-angles (8-28mm): ils sont plutôt dédiées aux paysages et à l’architecture, étant donné qu’ils couvrent un angle important. Ils ont néanmoins tendance à déformer l’image et grossissent ce qui est près et au milieu… on essaiera donc de ne pas les employer en portrait serré, sauf si on est fan du style « gros nez-petites oreilles »!

Emploi d'un 21mm

Emploi d’un 21mm

2- les focales « standard » (35 et 50mm), ainsi appelées parce qu’elles sont plus proches de la vision humaine. Le 50mm était vendu en kit à l’époque des réflexes argentiques, comme optique « normal », et le 35mm est le favori de nombre de photographe de rue… On les utilise donc au quotidien, dans la rue, mais aussi pour les portraits (pas trop serrés) ou du paysage.

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Portrait américain au 50mm

3- les téléobjectifs (plus de 85mm) sont les objectifs qui nous permettent de nous rapprocher de ce que l’on photographie. Ces optiques se destinent donc naturellement au portrait serré et à l’animalier notamment.

Miam

A 135 mm

Tout serait donc si simple, si ces focales n’étaient pas données depuis l’époque argentique… or, comme on l’a vu dans l’article traitant des tailles de capteur, la plupart des capteurs numériques actuels a une surface inférieure à celle des pellicules 24×36…

Mis à part pour les appareils plein format, l’image qui arrivera sur le capteur sera donc plus petite, comme une sélection de la 24×36, ou comme un zoom sur la partie centrale. Plus le capteur sera petit, plus ce sera un « zoom » et donc la focale aura l’air plus longue. Sur les capteurs APS-C, dont la surface est 1,5 fois plus petite que celle d’un 24×36 (ou 1,6 chez Canon), il faudra donc multiplier par 1,5 la focale indiquée sur le fut de l’objectif pour avoir un équivalent « plein format »: un 18mm correspond à un 27mm, un 50mm à un 75mm, un 200mm à un 300mm, etc…

Dans les faits, cette opération n’intéressera que ceux qui font un changement entre le format APS-C et 24×36, c’est-à-dire ceux qui passent d’un réflex APS-C à un plein format ou ceux qui passent d’un appareil argentique à un réflex numérique APS-C… Ce sera aussi très intéressant pour ceux qui disposent d’un appareil APS-C et qui veulent faire de l’animalier, un 200mm coûte bien moins cher qu’un 300mm! C’est pour cela que Canon avait développé une taille intermédiaire APS-H pour les boîtiers dédiés au sport et à l’animalier…

Pourquoi ces noms compliqués?

Le nom d’un objectif nous renseigne sur certaines de ses caractéristiques: la focale, l’ouverture, la monture éventuellement, voire la présence d’un stabilisateur. Pour que ce soit plus clair, je vais prendre l’exemple d’un objectif qui est bien connu des photographes amateurs, le Tamron 17-50 mm f/2,8 XR Di II VC, zoom transstandard lumineux, qualitatif et bon marché.

Tamron 17-50 mm f/2,8 XR Di II VC

Ce nom à rallonge a tout pour effrayer (Tamron est un spécialiste du fait), et pourtant il nous renseigne sur l’emploi qui peut en être fait:

1- Tamron: le nom du fabricant de l’objectif… évident, mais on sait déjà à qui il se destine: si les fabricants de boîtiers (Canon, Nikon, Sony, Leica, Pentax, Olympus…) ne font que des optiques adaptées à leurs boîtiers, d’autres ont une gamme de différents objectifs qui sont adaptés aux boîtiers des premières marques citées: Sigma, Tamron, Voigtländer, Samyang, Zeiss sont les plus reconnues.

2- 17-50 mm: c’est la focale de l’objectif, sa longueur si l’on veut, qui nous indique que celui-ci est un zoom puisque sa focale varie. Elle va ici du grand angle (17mm) au léger téléobjectif (50mm).

3- f/2,8: ce nombre (ou plutôt cette fraction) représente l’ouverture maximale de l’objectif, c’est à dire sa capacité à ouvrir largement le diaphragme (en laissant entrer beaucoup de lumière) ou pas. Cette donnée est très importante, puisqu’un objectif avec une grande ouverture (f/x où x est petit) permet de prendre des images dans des lieux plus sombres et de jouer avec la profondeur de champ. Ici, le fait qu’il n’y ait qu’une seule ouverture nous renseigne aussi sur le fait que cette ouverture est constante, de 17mm à 50mm; ce n’est jamais le cas sur les objectifs livrés avec les boîtiers, comme un 18-55mm f/3,5-5,6 qui ouvrira à f/3,5 à 18mm et f/5,6 à 55mm, ce qui n’est pas très lumineux!

4- XR : technique développée par Tamron pour traiter ses verres… pas extraordinairement utile!

5- Di II : cette précision est très importante: elle signifie dans ce cas que cet objectif est destiné aux réflexes APS-C (« petit » capteur) et donc pas aux « plein-formats » 24×36. En effet, l’image qu’il laisse passer n’est pas assez grande pour ces derniers, on aurait donc un résultat étonnant avec un cercle au milieu…

6- VC: enfin, cette abréviation signifie que cet objectif est stabilisé, ce qui permet d’éviter les tremblements inévitables lorsque la vitesse d’ouverture est lente (genre 1/4 de seconde)… c’est donc très pratique pour les images en faible luminosité. A noter que les boîtiers Sony sont déjà stabilisés, donc que cette particularité n’existe pas pour les optiques de la marque…

Focales fixes et zooms, deux approches différentes

On l’a vu plus haut, certains objectifs peuvent faire varier leur focale: on parle alors de zooms. Les objectifs vendus avec les boîtiers sont généralement des 18-55mm à ouverture variable. Etant donné que leur formule optique est assez complexe (mouvements des lentilles dans le fût de l’objectif), leur qualité optique est assez quelconque, voire mauvaise pour ce qui est des super-zooms (genre 18-250) à bas prix.

Certains zooms ont une très bonne qualité optique néanmoins, leur formule optique est plus étudiée, les lentilles de meilleure qualité, leur ouverture est lumineuse et constante, ils peuvent être stabilisés… ces améliorations font que leur prix s’envole assez vite; un 70-200 f/2,8  IS Canon coûte environ 2200€, un 200-400 f/4 IS 13 000€ (!!!!)… les objectifs des marques tierces (Sigma et Tamron) restent cependant plus abordables.

Beau bébé de 13.000€

Beau bébé de 13.000€

Avec un zoom, on peut changer rapidement de focale, passer en quelques dixièmes de seconde du paysage au portrait serré, ce qui peut être très pratique en voyage par exemple. Néanmoins, on s’aperçoit en analysant les données de nos images que l’on utilise le plus souvent ces zooms aux focales extrêmes, comme 18 et 55mm par exemple sur un 18-55mm…

Dès lors, on peut se poser la question des focales fixes: comme leur nom l’indique, on ne peut pas faire varier leur distance focale: on aura par exemple un 35mm, ou un 135mm. Du même coup, leur formule optique ne nécessite pas autant de mouvement de lentilles, et ce sont des objectifs qui sont à la fois plus lumineux et de meilleure qualité que les zooms. Il n’est pas rare de trouver des ouvertures de f/1,8, on a même chez Leica un ultra-lumineux de f/0,95… Ces objectifs (généralement des 50mm f/1,8) étaient vendus par défaut au temps de l’argentique.

Ils permettent donc des jeux avec la profondeur de champ, on sait aussi avec un peu de pratique exactement ce que l’on va voir dans le viseur, et on perd moins de temps à zoomer/dézoomer pour choisir le bon cadrage… C’est une utilisation plus instinctive… Par contre, pour prendre une photo de plus près, on doit zoomer… avec ses pieds! Il faut donc se montrer plus créatif, ne pas hésiter à ne pas prendre la photo si ça ne rendra rien, et faire avec ce qu’on a! C’est d’ailleurs le choix que nous avons fait tous les deux

Les bons plans et les erreurs à éviter

Les super-zooms

Quand on arrive d’un compact ou d’un bridge, on a pris l’habitude de tout shooter avec le même objectif, de zoomer à fond…  avec un résultat rarement à la hauteur de ce que l’on a voulu faire! Ce temps est fini si vous avez fait le choix d’un réflex… même si on est tenté d’avoir un zoom « à tout faire » au début.

Comme on l’a déjà vu, les zooms ont une formule optique complexe, ce qui fait que plus l’amplitude du zoom est forte (comme un 18-270 par exemple), moins l’ouverture sera grande et plus l’image sera dégradée. Les résultats seront alors toujours décevants, en tout cas pas à la hauteur des capteurs numériques actuels qui sont vraiment étonnants de qualité…

Il sera bien plus qualitatif d’acheter par exemple un ensemble 18-55 (ou 18-135) complété par un 55-250 que de prendre un affreux 18-250 qui ne rendra pas justice à vos images!

Les 50mm f/1,8

Dans toutes les marques, il existe une focale fixe de très bonne qualité, lumineuse, légère et pas chère. A titre d’exemple, le Canon EF 50mm f/1,8 coûte moins de 100€…

Canon EF 50mm f/1,8

Canon EF 50mm f/1,8

Leurs formules optiques sont simples et éprouvées dans le temps, ce qui explique leur coût attirant. Je vous conseille de toute urgence, quel que soit votre boîtier, de faire l’acquisition de ce petit bijou! Sur un capteur APS-C, ce sera un outil parfait pour faire des portraits avec un flou harmonieux d’arrière-plan ou prendre le petit dernier dans son sommeil sans le réveiller avec un flash malvenu…

Il faut aussi surveiller le prix des 35mm qui peuvent être très intéressants, notamment sur capteur APS-C

Les objectifs anciens

Malgré l’émergence des hybrides à capteur APS-C (comme les Nex) qui a fait flamber les prix, on trouve énormément de vieux objectifs en excellent état. Leur qualité optique est souvent très bonne, et comme c’étaient les objectifs vendus avec le boîtier il y en a beaucoup sur le marché, les prix sont donc souvent raisonnables.

Helios 44/2 58mm f/2, la star russe

Helios 44/2 58mm f/2, la star russe

Il y a quand même quelques contreparties: la mise au point doit se faire manuellement (pas d’autofocus), l’ouverture se règle sur l’objectif et il est nécessaire de faire l’acquisition d’une bague d’adaptation qui permet de fixer l’ancien objectif sur le nouveau boîtier.

Par exemple, si l’on veut adapter l’objectif ci-dessus (monture M42) sur un Canon Eos actuel (monture EF), il faudra trouver une bague EF/M42 (quelques euros sur les sites d’enchères bien connus).

Ce sont souvent des optiques tout en métal, un vrai plaisir à manipuler. Pour une trentaine d’euros, j’ai pu me monter cet objectif russe qui a la particularité, à pleine ouverture, de faire « tourner » le fond de l’image…

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L’occasion

Enfin, mon dernier conseil sera de se pencher sur le marché de l’occasion… comme c’est le cas dans la hifi par exemple, les amateurs de photo sont aussi des amateurs de matériel et en changent souvent. Il y a donc des affaires à faire dans ce marché de l’occasion, sur les fora spécialisés (hardware.fr, eos-numerique.com, pixelistes.com, Summilux.net, etc…) plutôt que sur le Bon Coin et ebay où les arnaques abondent… sauf si l’on peut tester le matériel avant l’achat!

Bon choix, j’espère vous avoir éclairé un peu… n’hésitez pas à me faire part de vos conseils!